Discours du vendredi 09.10.2020 : » Le comportement intergénérationnel ».
Le comportement intergénérationnel
Se comporter dignement avec les personnes faibles et/ou personnes âgées, et notamment s’il s’agit de ses propres parents, savoir les prendre en charge en cas de nécessité, veillez à respecter leur droit, œuvrer à les protéger des difficultés de la vie, de les préserver de tout malheur, de les rassurer contre les chagrins. Toutes ces actions sont une occasion de bénédiction, occasion qui se répercute positivement, aussi bien sur la société que sur celui qui adopte ce genre de comportement. C’est une occasion qui le protège de tout malheur dans la vie d’ici-bas et dans l’au-delà.
En effet, Le Messager d’Allah (BPSL) a dit : « La subsistance et le succès que vous connaissez se font à travers votre comportement avec vos faibles » (Abou Daoud) ce qui signifie : « agir envers les personnes faibles, être bienséant envers eux permet d’obtenir le succès et la subsistance. Par exemple, le fait que les parents soient à la charge de leur descendance, ceci peut être gage de réussite pour cette dernière. Les invocations des parents sont source d’acceptation par Allah des bonnes actions.
Comment, il peut être autrement, alors que la vieillesse représente un inversement clair des rôles entre les parents et les enfants. Ceci nécessite des enfants de s’armer de patience et de souplesse dans leur comportement avec leurs parents. C’est pourquoi, Allah, L’Exalté, nous oriente aux règles les plus importantes que les enfants doivent observer, à savoir :
Première règle : « Votre Seigneur connaît mieux ce qu’il y a dans vos âmes. Si vous êtes bons, Il est certes Pardonneur pour ceux qui Lui reviennent se repentant. » (Al-Isra 25) L’Homme peut induire en erreur des gens et ce, durant un laps de temps, voire plus longtemps, mais pour dire qu’il peut induire tout le monde en erreur en permanence, ceci est impossible. Cependant, il ne pourra pas cacher son comportement à Allah, Le Très Haut qui connait la trahison du clin d’œil et ce qui se trame dans les cœurs ! Nulle créature ne peut Le trahir « Votre Seigneur connaît mieux ce qu’il y a dans vos âmes » Si l’esprit de la personne est pur, source de tout acte visant la satisfaction d’Allah, son œuvre lui sera bénéfique et son esprit est malsain, alors son œuvre n’est que le fruit d’une perte de temps. En effet, Votre état psychologique, vos envies, vos intentions, vos ambitions et leurs natures sont toutes exposées auprès d’Allah, L’Exalté…
Deuxième règle : « Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment » les proches parents sont : le père et la mère, le grand-père et la grand-mère, l’oncle et la tante paternels et maternels, les frères et les sœurs, ainsi que leurs enfants… Lorsqu’Allah aime une personne, il lui donne l’occasion de répondre aux besoins. Elle devient apte à rendre service. Ainsi, ne te lasses pas, si des personnes souhaitant et qui frappent à ta porte se font nombreux, ne dis pas Ouf, si ton frère ou ta sœur te demande un service c’est parce que tu représentes pour eux cette source de don, car Allah t’aime, et c’est Lui qui les oriente vers toi. Si tu veux connaitre ta position, regarde seulement la raison pour laquelle Il t’a mobilisé. Selon Sahl Ibn Saad, le Messager d’Allah (BPSL) a dit : « Ce bien possède des coffres, ces coffres possèdent des clés, bonheur à celui qu’Allah lui a attribué les clés du bien, verrou du mal, et malheur à celui qui lui a donné les clés du mal, verrou du bien » (Ibn Majah).
Troisième règle : « Et ton Seigneur a décrété : « N’adorez que Lui ; et marquez de la bonté envers les père et mère » (Al-Isra 23) Ton premier devoir dans ce monde ici-bas consiste à adorer Allah, L’Exalté Seul et Unique, et ce par la soumission à lui d’abord et ensuite par le travail, le bon comportement, le bel agir. Ensuite, les deux premières personnes, qui méritent que tu sois bienséant envers eux sont les parents. Leur respect est l’une des preuves de la divinité d’Allah, Le Très Haut, et du respect de ses recommandations. En effet, c’est Lui Qui a mis à ton service ton père et ta mère qui te donnent toute l’affection dont tu as besoin : Amour et tendresse, éducation, protection. Ils se fatiguent pour que tu te reposes, ils veillent pour que tu puisses dormir, ils se privent pour que tu puisses manger, ils endurent le stress pour ta sérénité. Les parents sont les premiers humains qui méritent al-Ihsan, le bel agir, avec abondance. N’oublions pas que la bienséance faite à leur égard a été soulevée au niveau de l’adoration d’Allah L’Exalté.
Quatrième règle : « alors ne leur dis point : « Ouf !» et ne les brusque pas » N’oublions pas que les parents, au sujet de l’autorité, une fois âgées, se retrouvent devant une situation inversée. Alors qu’ils exerçaient l’autorité parentale quand leur enfant est petit, ou petite, ils se retrouvent à leur tour, parfois sous l’autorité de l’enfant en question devenu désormais adule et eux devenus, désormais affaiblis. Situation qui peut être difficile. Dans cet état de chose, tout agissement non contrôlé, tout geste maladroit vis-à-vis d’eux peut les blesser, voire engendrer leur colère. Ainsi, il faut être compréhensif, il faut être patient. Il faut leur montrer que leur statut ne souffre d’aucun changement. Comment ? c’est simple, il faut communiquer avec eux, leur demander conseils, leur montrer que leur avis compte toujours et plus que jamais d’ailleurs, ne pas leur montrer des signes de fatigue pour qu’ils n’aient pas le sentiment d’être devenus un fardeau, ne dis, en leur présence, même pas le mot « Ouf ! ». Un mot composé de deux lettres seulement « Alif » et « Ba ».
Ne pas oublier que cette expression « ouf » est généralement prononcée machinalement, dans les moments de difficulté ou de dégout face à une situation donnée. Allah nous met en garde afin de ne prononcer cette expression. C’est une moralité divine qui veille sur l’état psychologique des parents lorsqu’ils atteignent un âge avancé. Cette orientation conseille aux enfants d’être intelligents, malins, polis et doux dans leur traitement avec les parents à cette âge-là. C’est pourquoi, Le Très Haut dit : « et ne les brusque pas » ce qui signifie de ne pas être dur avec eux. A titre d’exemple, imaginons le fils ou la fille qui donne un verre de thé à son père, qui a les mains qui tremblent et au moment de prendre ce verre, renverse le contenu sur le tapis luxueux. Si le fils montre des signes de contrariété, d’énervement, le père se sentira coupable, sentira rabaissé car incapable de contrôler. Une blessure en plus de la vieillesse.
Alors ne leur dis point : « Ouf ! » et ne les brusque pas !
Cinquième règle : « mais adresse-leur des paroles respectueuses ». La parole respectueuse ici est une sorte de courtoisie dans le traitement avec les parents surtout lorsqu’ils atteignent un âge avancé qui réduit leur capacité, ou lorsqu’ils sont malades et qu’ils se trouvent dans le besoin d’aide d’une tierce personne, sachant que leur prise en charge incombe prioritairement à leurs enfants. Ici, ils se trouvent dans la phase où ils ne souhaitent pas, que d’autres personnes, hormis leurs enfants et les plus proches, soient au courant de leurs sentiments. Ils deviennent sensibles à leurs intimités et à leurs dignités.
Alors, rappelle-toi, le bienfait de tes parents sur toi. N’oublie pas tout l’amour et l’affection qui t’ont offert durant ton enfance. D’aucun remarque que, au sein de la fratrie, par exemple, l’enfant souffrant est souvent plus chouchouté par ses parents, car il nécessite plus d’attention, ou encore, que les parents expriment plus de nostalgie à l’encontre de l’enfant absent que celui présent, et que l’enfant le plus petit est plus dorloté que les plus grands, et ainsi de suite. Tous ses exemples montrent comment les parents gèrent la situation de faiblesse au sein de la fratrie. Alors imaginons, lorsque les parents eux-mêmes, se retrouvent en situation de faiblesse. Ne méritent-ils pas plus d’égard, de respect et de tendresse ?
Si la bienséance envers tes parents est une obligation et un devoir à ta charge lorsque ces derniers sont forts, jeunes et capables, alors, ceci est beaucoup plus important et plus intense lorsqu’ils atteignent l’âge avancé, lorsqu’ils se trouvent dans l’incapacité ou dans la maladie.
Sixième règle : « et par miséricorde, abaisse pour eux l’aile de l’humilité, et dis: «O mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit » abaisse est le contraire d’élève (l’aile de l’humilité) l’humilité ici signifie la modestie et la miséricorde envers les parents, mais ta miséricorde reste insuffisante, tu dois donc demander la grande miséricorde de L’Exalté « et dis: «O mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit » car, ta simple miséricorde ne leur suffit pas face à tout ce qu’ils t’ont donné. Tu ne pourras jamais les récompenser pour cela. Celui qui a pris l’initiative pour le bien ne sera guère égale à celui qui l’a précédé en bien. Ils ont été bienséants envers toi au tout début, et tu n’agis qu’en contrepartie de ce bienfait, c’est pourquoi, tu dois invoquer à Allah la miséricorde pour eux et qu’Il les récompense pour tout ce qu’ils ont fait pour toi.
Septième règle : « Si tu t’écartes d’eux à la recherche d’une miséricorde de Ton Seigneur, que tu espères, adresse-leur une parole bienveillante. » (Al-Isra 28) ce qui signifie que si tu éprouves une gêne ou une honte pour les confronter parce que tu ne possèdes pas ce qui peut les aider dans leur besoin, dans ce cas, tu te réfères à Allah pour demander une miséricorde pour eux et pour toi. Il se peut qu’un proche, un pauvre ou un voyageur en détresse s’adresse à toi pour te demander quelque chose lorsque tu ne la possèdes pas en ce moment, tu as honte de confronter cette personne par un refus, tu t’adresses alors à Ton Seigneur L’Exalté pour Lui demander de t’accorder ce dont tu as besoin et pour demander aussi de satisfaire la demande de cette personne et qu’Il t’accorde une issue favorable à ta situation « adresse-leur une parole bienveillante » la parole bienveillante est : « Une parole agréable et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Allah n’a besoin de rien, et Il est Indulgent. » (Al-Baqara 263) « N’annulez pas vos aumônes par un rappel ou un tort » (Al-Baqara 264) même en cas d’abstention, la personne doit être bienséante et ne pas blesser les sentiments de celui qui s’est adressé à elle, encore pire s’il s’agit des parents, cette abstention doit être faite avec souplesse et douceur, elle doit manifester sa gêne, elle ne doit pas se montrer orgueilleuse et supérieure, elle doit se rappeler constamment le bienfait d’Allah sur elle en la mettant dans la position d’une personne sollicitée et non pas dans la position d’une personne qui sollicite les autres.
Ainsi, les expressions et les bonnes actions dans cette situation ne suffisent pas de dire : je n’en ai pas ! parce que celui qui s’est adressé à toi peut interpréter cela comme étant un orgueil de ta part envers lui. C’est là où vient le rôle de la primauté des spiritualités et des moralités qui font élever son auteur aux plus hauts degrés. Ne sois, donc, pas dur dans ta réponse.
« Quant au demandeur, ne le repousse pas. » (Adh-Dhouha 10). Fais des invocations pour eux, fais-leur une promesse gentille en disant par exemple que tu leur accorderas ce dont ils ont besoin une prochaine fois si Allah te facilite d’accomplir cette aide. La colère, la dureté et la sévérité restent inutiles, et Allah, Le Très Haut nous a interdit de se comporter ainsi « et ne les brusque pas ».
Ignorer les droits des personnes âgées ainsi que la façon d’agir envers elles peuvent engendrer un problème à deux dimensions :
1- Le regard des nouvelles générations sur les anciennes les considérant comme étant non évoluées. Perception négative.
2- Le regard des personnes âgées sur les nouvelles générations les considérant pauvres en expérience, négligents et ingrats. Perception négative
En conclusion, je dis que : nos parents âgés sont le miroir de l’avenir de chacun de nous. En effet, ainsi va le cycle de la vie. Nous allons emprunter le même chemin que nos parents : du cycle de l’enfance on se retrouve dans le cycle des adultes et celui des âgées.
Voilà pourquoi, il faut veiller à appliquer et mettre en pratique les recommandations d’Allah. « Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine: son sevrage a lieu à deux ans. «Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destination. Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez » (Loqman 14 – 15)
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur le Prophète Mohamed et sur son foyer