Discours du vendredi 20.01.2023 « Maintenir le lien de famille est une adoration »
Maintenir le lien de famille est une adoration.
Félicitations à celui qui veille au maintien des liens familiaux, heureux soit celui qui veille à maintenir le lien avec ses frères et sœurs, et ce, que ce soit en le vivant de ses parents ou après leur décès. En effet, le maintien des liens de famille est une adoration. A cet effet, Ibn Al-Qayyim – Clémence d’Allah sur son âme – a dit : « certes, les gens maintiennent leur lien, ils voient ainsi leurs biens accroitre et leur nombre s’amplifier. Et certes, des gens rompent tout liens entre eux, ils voient ainsi leurs biens diminuer ainsi que leur nombre ». Ceci est dû à l’ampleur de la miséricorde accordée aux premiers et cette part dérisoire accordée aux seconds.
Le maintien du lien de parenté et l’amour constituent une prolongation pour l’Homme quant à sa subsistance et sa vie, un honneur pour lui dans ce monde et une bénédiction dans l’au-delà. En effet, le maintien du lien de parenté n’est pas un choix comme les amitiés et les relations d’intérêts, c’est une partie de la bonté envers les parents. Son accomplissement est un devoir et son manquement est une désobéissance !! Il est cité dans Sahih Al-Boukhari que le Messager d’Allah (BPSL) a dit : « le lien de parenté est fusionnel, celui qui la sauvegarde, Je le sauvegarde, et celui qui la rompe, Je le rompe à mon tour ».
Si un Homme rompe ce qu’Allah a ordonné d’être maintenu, les forces se dispersent, les liens se dissipent, la dégradation s’installe sur terre et le désordre prendra de l’ampleur. Cette dégradation se traduira à travers les âmes, les états, la vie, ainsi que sur toute la terre y compris les gens et les choses qu’elle comporte. Allah a attesté envers celui qui rompe un lien alors qu’Il a ordonné de le maintenir en ce qu’il sera le perdant, qu’il sera maudit et qu’il aura la mauvaise demeure dans la vie ici-bas et dans l’au-delà « ceux qui rompent le pacte qu’ils avaient fermement conclu avec Allah, coupent ce qu’Allah a ordonné d’unir, et sèment la corruption sur la terre. Ceux-là sont les vrais perdants. » (Al-Baqara 27) « Mais, ceux qui violent leur pacte avec Allah après l’avoir engagé, et rompent ce qu’Allah a commandé d’unir et commettent le désordre sur terre, auront la malédiction et la mauvaise demeure. » (Ar-Raad 25)
Rappelons que, La fratrie est une chose grandiose. Elle est une croyance que nous manifestons envers Allah. Il est cité dans Mousnad Ahmed que le compagnon Abou Ramtha a dit : je suis arrivé au Messager d’Allah (BPSL) et je l’ai entendu dire : « La bonté envers ta mère, et ton père, et ta sœur, et ton frère puis celui qui vient après … » Allah a légiféré pour cela des droits et des règles.
Parmi ses droits :
- Le pardon et l’excuse : l’erreur est humaine, le diable est au aguet. La divergence de point de vue est inhérente à la nature humaine, la vie est semée d’obstacles, d’embuches et difficultés et les sentiments humains sont légion. Cependant, pour le croyant quel que soit la situation rien ne doit affecter les liens de famille tant que le réflexe du pardon existe. Le pardon est un véritable bouclier contre la séparation et contre les incitations du diable qui pousse à la séparation, à l’orgueil mal place et à l’égoïsme destructeur. Nous avons en cela un bel exemple de pardon dans l’histoire du Prophète Youssouf que la paix soit sur lui, avec ses frères. Ces derniers lui ont manifesté envie et animosité, l’ont exposé à la mort, à l’emprisonnement, à la tentation et à la grande épreuve. Mais, Youssouf, que la paix soit sur lui, s’est bien armé de patience, il a supporté et attendu, jusqu’à ce que l’occasion s’est présentée à lui où il s’est réuni avec ses parents et ses frères : « Et il dit : « O mon père, voilà l’interprétation de mon rêve de jadis. Allah l’a bel et bien réalisé… Et Il m’a certainement fait du bien quand Il m’a fait sortir de prison et qu’Il vous a fait venir de la campagne, [du désert], après que le Diable ait suscité la discorde entre mes frères et moi. Mon Seigneur est plein de douceur pour ce qu’Il veut. Et c’est Lui l’Omniscient, le Sage. » (Youssouf 100) et auparavant, il s’est adressé à ses frères et a dit « Savez-vous ce que vous avez fait de Youssouf et de son frère alors que vous étiez ignorants. Ils dirent : « Est-ce que tu es… Certes, tu es Youssouf ! » – Il dit : « Je suis Youssouf, et voici mon frère. Certes, Allah nous a favorisés. Quiconque craint et patiente… Et très certainement, Allah ne fait pas perdre la récompense des bienfaisants. Ils dirent : « Par Allah ! Vraiment Allah t’a préféré à nous et nous avons été fautifs. Il dit : « Pas de récrimination contre vous aujourd’hui ! Qu’Allah vous pardonne. C’est Lui Le plus Miséricordieux des miséricordieux. » (Youssouf 89 – 92)
Le pardon et la tolérance comme a fait Youssouf – que la paix soit sur lui – doivent être un exemple à suivre. Le frère et la sœur se trompent lorsqu’ils pensent que pour trouver des solutions aux problèmes de la vie, si compliquée soit-elle, il faut déclarer la guerre à un membre de sa famille, de prendre des distances par rapport à lui etc. Il s’agit là d’une démarche infructueuse, trompeuse et que ne mène qu’à l’encontre de ce que Allah veut pour les êtres humains : vivre sereinement, en intelligence, dans le respect et le pardon à tout instant. Il est cité dans Sahih Al-Boukhari que le Prophète (BPSL) a dit : « celui qui maintient le lien n’est pas celui qui récompense suite au bien reçu, mais c’est plutôt celui qui maintient ce lien de parenté si ce dernier a été rompu ».
- Etre bienséant envers eux et se montrer souple dans la relation avec eux : Nous avons en cela un exemple en notre Messager et Prophète Mohamed (BPSL) dans son histoire avec sa sœur de lait Ach-Chayma’ fille d’Al-Harith, lorsqu’elle est venue vers lui après une longue rupture, qu’a fait le Messager d’Allah ? il a tendu sa cape et l’a fait assoir dessus et l’a privilégié aux autres, et il lui a dit : « Si tu veux séjourner chez moi, tu seras honorée, et si tu veux, je te comblerai et tu retourneras auprès de ta tribu. Elle a répondu : je préfère et que tu me combles et que je retourne après auprès des miens. Alors, le Prophète (BPSL) lui donné ce qu’il lui faut pour mener une vie décente – qu’Allah l’agrée –
- L’invocation : Le Prophète Moussa – que la prière et la paix soient sur lui – a honoré le degré de son frère et a imploré à Allah pour que ce dernier soit son compagnon et a dit : « Mais Haroun, mon frère, est plus éloquent que moi. Envoie-le donc avec moi comme auxiliaire, pour déclarer ma véracité : je crains, vraiment, qu’ils ne me traitent de menteur » (Al-Qassas 34) alors Allah l’a répondu « Ta demande est exaucée, ô Moussa. » (Ta-Ha 36) Moussa a donc imploré Allah et dit : « O mon Seigneur, pardonne à moi et à mon frère et fais-nous entrer en Ta miséricorde, car Tu es Le plus Miséricordieux des miséricordieux » (Al-Araf 151). Certains des exégèses ont dit que : personne n’a plus grande reconnaissance l’un envers l’autre que celle qui existe entre Moussa et Haroun – que la paix soit sur eux – car il a intercédé pour son frère jusqu’à ce qu’Allah a fait de son frère un Prophète. Accorde donc une partie de tes invocations pour tes frères et sœurs.
La conclusion :
-) La bonne entente entre la fratrie procure un sentiment de réjouissance aux parents et ce de leur vivant tout comme après leurs décès car les morts sont informés des actions des leurs.
-) Le maintien des liens de famille est une adoration, une obligation est non pas un choix.
-) Le pardon est un antidote, un remède qui permet de continuer à maintenir les liens de famille quelle que soit la difficulté, ou la mésentente.
-) Les difficultés se résoudront par le dialogue, la communication, l’écoute et l’échange et non pas à travers les méthodes radicales telle que la rupture et l’éloignement.
Ayons, alors, tout le temps, présent à l’esprit, l’exemple du Prophète Youssouf que la paix soit sur lui avec ses frères devant ses parents : « et qu’Il vous a fait venir de la campagne, [du désert], après que le Diable ait suscité la discorde entre mes frères et moi. Mon Seigneur est plein de douceur pour ce qu’Il veut. Et c’est Lui l’Omniscient, le Sage. » (Youssouf 100). De par sa sagesse, Il a écarté le péché de ses frères éloignant ainsi le diable, afin de regrouper la famille, puis, il s’est dirigé vers son Seigneur et a dit : « O mon Seigneur, Tu m’as donné du pouvoir et m’as enseigné l’interprétation des rêves. C’est Toi Le Créateur des cieux et de la terre, Tu es mon patron, ici-bas et dans l’au-delà. Fais-moi mourir en parfaite soumission et fais-moi rejoindre les vertueux. » (Youssouf 101).
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur notre Bien-aimé Mohamed et sur son foyer